Le sentier des sources
Le sentier des sources, son tracé et son application son-image-texte ont été réalisés par les étudiants et les enseignants de la licence professionnelle ‘sports de pleine nature et tourisme’ de l’Université de Limoges sur le site de Brive, Mr Fender et Radio Vicomté 92.5, les élus et les habitants de Meyssac et Collonges la Rouge. La coordination a été effectuée par Michel Charlot.
Il a été financé par l’Union Européenne (programme Leader) et la Municipalité de Collonges la Rouge. Il a bénéficié de l’aide de nombreux bénévoles tant pour les témoignages que sa réalisation.
Il est inscrit dans le Plan Départemental des Itinéraires de Promenade et de Randonnée du département de la Corrèze qui participe au financement de son entretien.
La web-application a été créée par Vincent Marcel.
Remercions les propriétaires des forêts qui nous ont autorisés à traverser leurs terrains et Mr Pierre Bellemare qui a assuré la narration tout au long du parcours.
Nous espérons vous avoir fait découvrir le passé et la vie des « sans voix », par ces histoires orales, ces ‘subaltern studies’ dans le cadre de la Nouvelle Histoire, s’attachant à l’histoire sociale et économique plutôt qu’à l’histoire politique.
Merci de faire parvenir vos observations et suggestions par mail à collonges-la-rouge.mairie@orange.fr
Web-application créée par Vincent Marcel
Merlette
46600 Sarrazac
05 65 37 78 09
vm@vincent-marcel.com
http://www.vincent-marcel.com
Hébergement : Celeonet
Le café de la gare
Ici débute le « Sentier des Sources ».
L’eau a toujours représenté un défi pour les habitants de Collonges la Rouge : le village est bâti sur une couche calcaire très perméable, donc pour avoir de l’eau il fallait soit utiliser des citernes (qui étaient vite épuisées en été) ou la conduire depuis les sources situées au nord du village sur les collines de grès qui dominent Collonges. Vous verrez que l’eau avait de multiples fonctions : alimentation des hommes et du bétail, source d’énergie pour moudre le grain, source de vie pour la faune et la flore, vivier d’écrevisses, zone de détente avec ses cascades, point de rassemblement et de sociabilité pour les habitants du village : les hommes au moulin à eau, les femmes au lavoir etc.
Le sentier des sources va vous conduire vers les sources principales situées à Dourieux à 5 kilomètres du village. Ces sources ont été captées dans les années 1930 et une canalisation dévalait les collines pour alimenter les villages de Meyssac et de Collonges. Cette canalisation et les décanteurs qui permettaient de filtrer l’eau existent toujours, vous pourrez les observer pendant votre randonnée.
Ici au point numéro 1 vous vous trouvez en face du café de la gare, tenu par les grands-parents de Mr Delsol, le doyen du village de Collonges-la-Rouge. Mr Delsol est né en 1919. La ligne de train qui passait par Collonges a été créée en 1912 et supprimée en 1932 à cause du développement de l’automobile.
Au café de la gare, on utilisait l’eau pour les besoins du bar et de la vie quotidienne : eau de boisson, vaisselle …Aucune maison ne disposait de l’eau courante et les habitants du bourg avaient la chance de pouvoir utiliser l’eau de la fontaine, qui existe encore à l’heure actuelle, située juste devant la mairie et se prolonge juste en dessous de l’hôtel. N’hésitez pas à y faire un passage à votre retour. Mr Delsol raconte qu’il allait chercher l’eau avec des seaux, jusqu’à 4 fois par jour…à l’époque, l’eau était rare donc on ne gaspillait pas. Vous pouvez écouter le témoignage de Mr Delsol qui raconte des souvenirs de cette époque pas si lointaine. Vous pourrez également écouter l’anecdote de Mme Fender sur les douches du premier hôtel de Collonges-la-Rouge « Le Relais Saint Jacques ».
Continuez maintenant votre chemin jusqu’aux anciens moulins placés le long du ruisseau de la Renardière, proche de la piscine et du terrain de camping.
Départ du ruisseau de la Renardière
Vous vous trouvez au point numéro 2. Vous entamez le sentier qui suit le ruisseau de la Renardière. Vous pouvez observer la pierre de grès rouge si caractéristique du village de Collonges-la-Rouge, mise en valeur par la verdure qui entoure le ruisseau. C’est la présence d’oxyde de fer qui donne cette teinte rouge à la pierre. Ces pierres proviennent des petites carrières disséminées dans les forêts au-dessus de Collonges, vous remarquerez les trous laissés par les ouvriers après l’extraction des roches. Lorsque les maçons n’avaient pas de pierres rouges ils utilisaient les pierres calcaires blanches qui composent le sous-sol de Collonges.
Vous allez longer le ruisseau de la Renardière sur 500 mètres environ. En 1831, on pouvait dénombrer 8 moulins en activité sur cette portion. Ces moulins sont dits « moulins de Valane », dérivé du 1er nom du ruisseau « Valeine ». Aujourd’hui, on n’en voit que des ruines çà et là, dissimulées sous d’épaisses couches de mousse. Le dernier moulin qui a été utilisé jusque dans les années 1960, se trouve ici à l’entrée du sentier qui va vous conduire aux sources de Dourieux. Un moulin a également été restauré comme habitation vous pourrez le découvrir sur votre droite plus loin le long du sentier.
Il est difficile d’imaginer qu’au XIXème siècle, la Corrèze possédait 1783 moulins à eau en activité. Les moulins étaient alors indispensables pour la vie quotidienne. L’eau agissait comme un moteur pour actionner les roues des moulins, reliées à une meule, qui servaient à moudre le grain pour en faire de la farine de froment, de maïs ou de seigle. Ces meules fonctionnaient à l’horizontale, comme dans la plupart des moulins du Sud de la France. En montant, vous pouvez distinguer à droite du ruisseau les vestiges des bassins de retenue d’eau qui permettaient de stocker l’eau pour alimenter les moulins pendant les saisons sèches.
Le commerce et l’économie liés aux moulins étaient très importants à Collonges-la-Rouge, comme dans de nombreux villages de Corrèze. Les paysans apportaient aux meuniers les grains des récoltes pour en faire leur farine. Les meuniers avaient alors une place très importante dans la société de l’époque.
Ecoutez le témoignage de Mr Fernando qui se souvient bien du fonctionnement du dernier moulin à eau situé en face de vous devant la route de la piscine.
Les cascades
Situés sur des sols calcaires donc perméables, les villages de Collonges et de Meyssac ont toujours manqué d’eau. L’eau devait être captée et acheminée depuis des sources comme celle du Martret au dessus de Collonges ou de Baral située en plein bois jusqu’aux fontaines du village où les habitants venaient se ravitailler car les habitations n’étaient pas desservies en eau courante.
A la fin des années 1880, ces canalisations ont dû être réparées, la présence d’oxyde de fer abimant les canalisations en fonte. A cette époque, la canalisation de la source de la Baral avait été complètement obstruée par des glissements de terrain et l’engorgement des tuyaux, dû à l’absence de bouches d’aération dans les canalisations, qui auraient permis un meilleur écoulement de l’eau. Cela posait des problèmes pour l’approvisionnement des Collongeois en eau, qui étaient alors obligés, notamment en été, de parcourir des centaines de mètres pour aller chercher de l’eau. Il n’y avait jamais assez d’eau
A partir de 1930 le captage de Dourieux que vous découvrirez au point le plus élevé de ce circuit permit de sécuriser l’approvisionnement car les sources de Dourieux (= deux ruisseaux) étaient plus importantes. Situées à plus de 5 kilomètres de Collonges et de Meyssac il fallut construire dans ces pentes escarpées des conduites et des décanteurs, de vastes cuves installées tous les kilomètres afin de filtrer l’eau et ainsi éviter l’amas de déchets végétaux et minéraux qui auraient bouché les canalisations.
En continuant votre chemin, faites un détour sur la droite jusqu’à une première cascade, nommée la cascade du saut de la Cour. Le mot « saut » désigne une chute d’eau dans le courant d’une rivière. On peut penser que l’appellation « saut de la cour » tient son nom de la sorte de cour formée par le bassin d’eau entouré de ses parois abruptes.
Vous pourrez écouter le témoignage de Joseph Brousse, qui raconte ses souvenirs de pêche nocturne, en quête des fameuses écrevisses du saut de la Cour. Marchez un peu plus loin, vous tomberez sur cette cascade très jolie dans un endroit qui ressemble à une forêt tropicale. Rafraichissement assuré en été, ravissement des yeux en hiver !
Ecoutez également le témoignage de Denise Fraysse, qui raconte ses trajets pour se rendre à l’école du bourg, pendant la guerre, où elle devait traverser le passage à gué tous les jours, en sabots.
La ferme des tailleurs de pierres
La ferme des tailleurs de pierres est composée de plusieurs bâtisses datant de la fin du XIXème siècle. La plus éloignée du chemin, au bout de l’aller-retour, devait certainement faire office d’habitation. La famille Albert surnommée les « Bertounes » travaillait ici les pierres extraites des carrières de grès rouge aux alentours, pierres rapportées avec des moyens rudimentaires. Ils taillaient ensuite ces pierres à la main, au marteau et au burin. On trouve quelques vestiges de ces pierres taillées, bien plates, appelées lauzes, utilisées pour recouvrir les toits, et aussi les vestiges des bacs en pierre utilisés comme abreuvoirs pour le bétail. De nombreux outils et murs en pierre ont été taillés ici, comme des bacs et également des meules, qui servaient à la fois aux moulins du ruisseau de la Renardière, mais également aux habitants de Collonges qui s’en servaient pour aiguiser leurs couteaux et leurs outils.
Mr Feix raconte l’approvisionnement en eau des personnes qui habitaient sur les hauteurs, qui devaient descendre jusqu’aux sources et au ruisseau et remonter l’eau.
Mr Fernando explique comment l’eau était rare et donc utilisée plusieurs fois : pour laver les légumes puis se laver les mains puis arroser le jardin.
Vous pourrez également écouter le témoignage de Mme Fraysse qui décrit la vie quotidienne à Ventejol, un lieu-dit sur les hauteurs non loin de la ferme des tailleurs de pierre, où elle disposait d’un lavoir pour la lessive.
Les sources de Dourieux
Les sources de Dourieux se situent à environ 3 km au nord du Bourg de Collonges-la-Rouge. Ces sources servaient principalement à alimenter les habitations du hameau de Dourieux qui signifie ‘deux ruisseaux’. Dans les années 30, la commune de Meyssac entreprend le captage et la canalisation de ces sources pour alimenter le bourg et ses environs, trop souvent privés d’eau. Adossé à l’abreuvoir, ce décanteur recueille l’eau dans un bassin où sont déposés les sables et les limons puis l’eau continue son chemin vers les fontaines de Collonges à travers la forêt.
Le sentier des sources rejoint à cet endroit précis une partie du chemin de Saint-Jacques de Compostelle, nommée « la voie de Rocamadour en Limousin et en Haut Quercy ». Cette partie débute à Bénévent l’Abbaye en Creuse et s’achève à Rocamadour dans le Lot , sur une distance de 270 km, pour 10 à 12 jours de marche. La voie de Rocamadour traverse 4 départements : la Creuse, la Haute-Vienne, la Corrèze et le Lot. La voie de Rocamadour était un itinéraire secondaire pour rejoindre Saint Jacques de Compostelle en Galice en Espagne, 1300 km environ plus loin d’ici. Bonne marche !
Aujourd’hui vous allez emprunter une partie de ce chemin sur environ 2 km. Vous pourrez observer sur quelques panneaux de balisage une coquille Saint-Jacques jaune sur fond bleu, symbole du pèlerinage de Compostelle, insérée dans une sportelle, médaillon de forme ovale porté par les pèlerins de Rocamadour, il servait à identifier les pèlerins qui bénéficiaient alors d’un logement après chaque journée de marche (30 à 40 kilomètres).
Mr Nublat explique comment sa famille récupérait de l’eau dans les décanteurs sur leur route vers les hauteurs de Collonges.
Paysages de Collonges
Vous vous situez ici juste au-dessus de la faille géologique de Meyssac.
Cette faille marque la rupture géologique entre le grès rouge issu du Massif Central, présent tout au long du sentier, formé il y a plus de 200 millions d’années et les sédiments calcaires devant vous, au Sud, déposés plusieurs dizaines de millions d’années plus tard. Vous passez rapidement de 200 à 500 mètres d’altitude. Bien que discrète dans le paysage, la faille a un impact très important sur l’agriculture, la végétation, la topographie, le patrimoine architectural… mais également sur l’emplacement des sources. En effet, la plupart des villages étaient construits à proximité de points d’eau. Mais ce n’est pas le cas de Collonges-la-Rouge, qui ne possède pas de source dans le bourg. Pour trouver des sources, il faut se rendre dans la partie haute de la commune, c’est-à-dire au nord de la faille géologique, dans la roche de grès rouge (point numéro 5 les sources de Dourieux).
Vous pouvez découvrir la faille en suivant le sentier pédestre (qui démarre à Meyssac, 15km) ou le circuit routier qui démarre sur la route principale juste après avoir quitté le village de Collonges en direction de Brive.
Le sentier des 4 musées (18 km) qui passe par Collonges vous conduira au musée géologique de Noailhac où vous obtiendrez plus d’informations sur la faille. Quelques kilomètres plus loin, au musée de Saillac, vous découvrirez la culture et l’utilisation de la noix, cultivée au sud de la faille sur les couches calcaires.
Enfin le circuit des lavoirs autour de Collonges (7 km de marche sur terrain plat) vous permettra de découvrir les vestiges de ce passé qui vous a été présenté lors de cette randonnée. Les différents points de vue vous permettront de garder des souvenirs photo de votre séjour à Collonges.
Trouver l’eau sous terre est un véritable défi, relevé par les sourciers qui, armés d’une baguette, peuvent indiquer l’endroit où il faudra creuser pour capter le précieux breuvage. Ecoutez le témoignage d’un sourcier !
La vie autrefois
Vous achevez le sentier des sources avec cette vue magnifique sur le village de Collonges-la-Rouge.
Nous allons vous faire partager 3 témoignages sur la vie quotidienne avant l’arrivée de l’eau courante installée dans chaque maison dans les années 1960.
Mr Fernando raconte la vie dans le bourg. La fontaine était un lieu de vie important où les gens parlaient beaucoup.
De nombreux habitants du bourg possédaient des vaches, et celles-ci allaient boire à l’abreuvoir dans le centre du village. Collonges avait alors une toute autre physionomie, on pouvait croiser dans les rues des animaux provenant des élevages des paysans du bourg.
Mr Delsol décrit un autre lieu de sociabilité pour les femmes : le lavoir. A l’époque, la corvée des lessives revenait aux femmes. C’était donc un lieu de vie très important.
Enfin, Mme Fraysse décrit le battage du linge. Une pierre en biais installée dans le lavoir servait à frotter et battre le linge avec du savon de Marseille, qui ne dégradait pas le lavoir. Le linge était enfin bouilli dans une grande lessiveuse puis il était rincé, comme le raconte Mme Fender. Les draps étaient tous lavés seulement au printemps lorsque les températures et la météo permettaient le séchage en plein air.